nothing breaks like a heart (bailey)

there she goes — jeune mère courage qui pourtant a fait le mauvais choix. banale histoire d'une fille perdue que les hommes traitent un peu trop durement. père qui court les jolies jambes pour oublier ce mariage déchu. rencontre explosive sur ce bar où ses mouvements hypnotiques l'ont définitivement convaincu. union fiévreuse dont les effluves alcooliques auraient du repousser n'importe qui. nuit éphémère qui n'ont été qu'une succession d'échecs cuisants. des paroles chuchotés à l'oreille qui dès le petit matin ont sonné creux. trop tard. le mal a été déjà fait quand elle s'est rendue compte de la vie qu'elle portait déjà. grossesse à terme malgré des supplications de tous les côtés. amies qui se voulaient réconfortantes, famille qui jugeait et enfin le père qui ne voulait que se faire la malle. pourtant, ce sont des bras maternels qu'il arracha l'enfant à peine celui-ci né. explications foireuses d'un égo mal placé. trop naïve, une vie trop dissolue. femme de mauvaise vie qui ne méritait que la solitude à jamais. un enfant, ça s'entretenait. ça n'était pas baladé de gauche à droite malgré un coeur gonflé d'amour. un père qui ne pense qu'à sa réputation. alors un gamin qui se trimballe dans la nature. fierté saugrenue qui fit de son propre fils un orphelin de mère. il est origine de ce trou dans sa poitrine. de cette pièce manquante qu'il cherche encore malgré lui quand il franchit le pas d'une porte. gamin qu'on jette dans une chambre où le paternel passe à peine. grandir dans cette maison où jamais les rires n'ont retenti. s'épanouir dans ce foyer où l'amour n'est vu que comme un prétexte des faibles. tenter d'être, alors que toute sa vie il n'avait jamais été voulu par ce père dont le langage n'est que de ses poings. sentir ce trou dans la poitrine qui ne refermera jamais. sentir dans son âme ce froid de l'hiver, jeune enfant qui pleure encore sa mère.

be someone — colère qui gronde dans ce petit corps. rancœur qui se gangrène à mesure que les années passent. des émotions qui n'arrivent à sortir correctement. schéma paternel qui n'est pourtant pas un modèle mais qui est le seul qu'il connait. violence qui ressort parfois maladroitement. des coups qu'il donne en pensant soulager sa pauvre âme. raté. gamin des rues dont l'attache n'a fait que le faire tanguer toujours plus. éducation à la dure qui finit par n'en faire qu'une tornade de rien. enfant malheureux qui en voudrait surement à la vie entière. difficultés à l'école qui n'arrangent rien. stupide, idiot et autres sobriqués d'un père qui pourtant sait à peine aligner trois mots. la volonté est pourtant là mais l'esprit refuse de coopérer. les mots ne sont que des suites incompréhensibles que son cerveau n'arrive à assimiler. l'école devient un calvaire où ses quelques amis n'arrivent à le motiver réellement. enfant qui devient adolescent mais dont les difficultés n'ont jamais été comblées. instituteurs trop débordés, gamin jugé trop difficile à faire passer au plus vite vers le supérieur pour s'en débarrasser. enfant qui pourtant n'a cessé de demander de l'aide. jamais les petites lignes ont été vus. scolarité éclatée qui finit par le pousser à tout quitter. à quoi bon ? bases qui ne sont même pas acquises. lecture, écriture qui sont des calvaires n'ont pas plus avancés que ça. presque un miracle qu'il soit arrivé aussi haut. vieille mentalité qui le pensait simple d'esprit. qu'est-ce qu'ils se trompaient. mais il a fini par y croire lui même. bon à rien qui n'a jamais pensé à se battre pour lui même, préférant donner des coups au vent. alors maintenant que l'école est quittée, il faut trouver quelque chose. il pense d'abord à la liberté. quitter tout pour peut être devenir quelque chose. c'était pas gagné. alors ça finit en boulots débiles. jusqu'à ce que le paternel lui demande de le rejoindre. santé défaillante d'un homme qui s'est déglingué à la bouteille et au cigare. formation sur le tas d'un père à son fils presque inattendue. premières et dernières transmissions de savoirs qui ont donné quelque chose à faire à son fils. peut être pour devenir quelqu'un finalement avant de casser sa pipe. peut être pour tenir enfin la promesse qu'il avait faite autrefois à la mère du gosse.

ghost town — cette odeur détestable de cigare. cette chaise vide à côté de la télévision qui était son occupation préférée quand le travail ne l'obligeait pas. en dehors des filles. cette bouteille négligemment posée sur la table, un petit fond qui reste au fond. ce manteau qu'il mettait toujours posé sur le dos de la chaise alors qu'il n'a pas du voir une machine à laver depuis des décennies. et toujours cette présence fantomatique malgré l'absence. voilà tout ce qu'il lui reste. d'un père alcoolique aux mains parfois trop faciles, ces quelques objets qui trainent. et évidemment la boutique. tout un héritage qui remontait à quelques générations au dessus beuglait toujours son paternel. une boucherie qui devait perdurer encore un temps avant que le vieux passe l'arme à gauche. une entité qui ne serait surement plus. des affaires qui passent presque par les fenêtres du petit appartement au dessus. une libération attendue depuis des années qui sonne comme un coup de poignard dans les tripes. référence malgré lui qui ébranle à nouveau son propre château de cartes. se barrer, enfin vivre pour lui même. n'être que ce qu'il avait vraiment envie d'être sans qu'aucun n'ait quelque chose à redire. barraque à vendre qui pourra au moins éponger les dettes du vioc. parce que ça aurait été trop simple de tout lui laisser sans une épine dans le pied. mais il y a toujours ce quelque chose. ce truc qu'il n'arrive à expliquer qui l'a retenu ici, à laurel. dans cette ville maudite qui n'avait fait que son malheur depuis le début. peut-être une sorte de masochisme qui devrait aller le faire consulter. ou peut-être cette envie presque viscérale de lui prouver qu'il avait tort. de lui prouver que son existence n'avait jamais été une perte de temps. que son propre fils pouvait faire quelque chose de tout se foutoir. alors il a remonté les manches. il a pris une bonne inspiration avant de replonger dans toute cette tempête. héritage d'une boucherie mais les dettes ne sont pas nettes. le vieux n'a pas fait les choses à moitié. péchés qui l'ont fait plonger la tête la première. et peut-être même que son fils y passera aussi. sauf qu'il se laisse pas faire. pour la première fois de sa vie, il se bat. il ne laissera pas gagner les autres. motivé par la voix rocailleuse d'un père moqueur, il remet un peu d'aplomb dans tout ça. c'est pas glorieux au début. il doute pas mal en voyant ses fins de mois. il se demande si tout vaut réellement la peine. ses difficultés anciennes refont surface. la paperasse, c'était toujours l'autre. sauf qu'il doit se débrouiller. la honte le fait parfois tourner la tête alors qu'il n'y a personne. il progresse un peu mais ça reste pas mal fragile. les mots finissent par être des dessins qu'il reconnait facilement avant que sa propre lecture s'améliore u peu. il se débrouille, trouve des alternatives. le gamin stupide reste dans son esprit, parfois le torture un peu de ces anciennes phrases qu'on lui aurait dites. des trucs qu'il a gardés au fond de lui comme des boulets à ses pieds, des trucs qui font encore mal malgré toutes ces années. des mots qu'il aimerait balancer de toutes forces aussi loin que possible. parce qu'il y croit, parce qu'il n'est pas si bête qu'un autre. parce que si personne n'a cru jusqu'ici en lui, il veut être le premier. le chemin est encore long, les pas balbutiant mais la graine est plantée. la vengeance d'un fils contre les fautes d'un père est toujours la plus violente des tempêtes.

forever and a day — toujours l'idée de se mettre la tête à l'envers pour n'importe quelle raison. fatiguée d'une humanité qui n'en valait peut être pas la peine. volonté de naviguer dans un monde qu'il n'arrive toujours pas à comprendre. peut-être que finalement le cercle se répétait. peut-être qu'il ne valait pas mieux que l'homme qui l'avait élevé. alcool génétique qui jamais n'a été transformé en adn d'eau. alors il avait sa place toutes les semaines à ce bar. mais ce soir-là, c'était spécial. ce soir-là, les gens dansaient. veines échauffées par le liquide brûlant il s'était laissé entraîner. danse enivrante dès la seconde où il avait plongé dans son regard. peut être trop facilement, peut-être pas la bonne. pourtant il n'avait résisté à cette attraction indescriptible. ce n'était pas la première fois. femmes qui parfois l'ensorcelaient pour quelques heures seulement avant que le soleil ne se lève et qu'il quitte rapidement les draps. pourtant, c'était différent ce soir-là. il ne sut pas réellement pourquoi. était-ce son rire cristallin ? était-ce son regard de biche ou bien ses lèvres si séduisantes ? cette aura de mystère qui l'entourait était bien trop intrigante. bien trop attirante. destins qui se scellèrent quelques heures plus tard dans les draps de son appartement. aucune idée de comment ils étaient arrivés là. passion détonante qui les avaient fait tituber jusqu'au lit. corps qui s'enlacent alors que la lune était leur seul témoin. baisers fiévreux qui jamais ne s'arrêtent malgré leur souffle court. union trop naturelle qui dura des heures avant qu'il ne s'endorme à ses côtés. pourtant quand morphée se retira, elle avait disparu. impression désagréable que cela n'aurait pas du se passer ainsi. mais il ne se formalise pas. les gens vont et viennent sans qu'il ne veut réellement avoir une prise sur eux. encore moins les femmes. déesse commune avec qui il n'aurait jamais envisager plus de toute façon. homme dont les rêves de couple, de mariage ou de famille n'ont jamais été les siens. il laisse tout ça aux autres. ne pas laisser une possibilité de blessures pour éviter la peine. une vie qu'il refusait de subir à nouveau. destin qui devait surement être mieux ainsi. l'inconnue du bar qui s'enfuit au matin sans un mot, sans rien laisser. figure fantomatique qui finit en nébuleuse dans son esprit. seul son parfum reste sur l'oreiller quand il ouvre les yeux le matin suivant. odeur florale sucrée qu'il embrasserait surement encore. mais le quotidien qui reprend le dessus. roue qui tourne encore, vie qui continue malgré tout. malgré cette femme qu'il garde malgré lui dans un coin de sa tête.

drunk in my mind — elle est revenue pourtant. comme dans un rêve, comme un nuage. mauvaise posture qui lui rappelle un peu trop le gamin sanguin qu'il a été - qu'il est encore en fait. alcool mauvais qui a surement chauffé ses veines plus qu'il n'en fallait. surement à cause d'un mot de travers, d'un geste de trop. sang qui finit par couler et ce gout métallique dans sa bouche. il a merdé, encore une fois et comme toutes les autres fois. violence qui semble s'ancrer dans ses veines comme dans son adn. satanée génétique qui finit toujours par l'étouffer. pourtant malgré cette fumée alcoolique qui l'entoure, il la voit. angelot brun qui se détache de toute l'assistance. comment, pourquoi. aucune réponse ne lui vint. la seule certitude est sa voix douce qui le guide jusqu'à son appartement. elle s'en souvient. comme elle se rappelle de cette deuxième clef qu'il avait glissée sous un vieux pot de fleur cassé, pensant avoir trouvé la cachette de l'année. ce soir-là, elle reste cette intrigante. mais cette fois avec des cotons et quelques pansements. l'alcool est encore là, la tête est encore dans le brouillard épais mais la conscience n'a jamais été aussi en alerte. son regard toujours sur elle, si interrogateur et incompréhensible. elle est cette énigme qu'il aimerait déchiffrer à nouveau. sensations nouvelles qui tentent de se faire un chemin dans son âme mais qu'il repousse néanmoins. cette femme, ça devient son ange gardien. sa sauveuse qui le tire plus d'une fois de situations difficiles. comme appelée par une force divine, comme attirée par ses propres problèmes. nébuleuse attrayante qui ne fait que rentrer dans son champ de gravité encore et encore. mais si elle ne fait qu'apposer de l'antiseptique sur ses plaies, elle en fait en fait beaucoup plus. infirmière de son âme sans qu'il n'en prenne encore conscience. peut-être s'est-il trop habitué à sa présence. peut être ne s'attire-t-il que des ennuis pour la voir encore à nouveau. car elle est cette nouvelle constance dans sa vie. ce petit angelot qui apparait lorsque tout commence à partir à vau-l'eau. mais qui disparait aussitôt le jour levé. encore et encore. quelques semaines qui s'enchainent sans que jamais elle ne manque à son appel néanmoins.

et pis soudain, plus rien. le néant.
à nouveau, le froid s'installe.
à nouveau, la solitude écrase le coeur.

questions qui se posent mais qu'il ne laisse jamais infuser trop longtemps dans son esprit. il est pas comme ça. il fait pas partie de ces hommes qui ne pensent qu'à leur coeur et à toutes celles qui le feront tomber. c'est pas des choses dont il a l'habitude. l'amour, ça finit toujours mal. l'amour, c'est juste pas pour lui. privé de l'essentiel depuis sa naissance, il n'a jamais eu le courage de laisser entrer quelqu'un qui pourrait le rendre vulnérable. peut-être parce que c'est ici que son père frappait le plus fort. alors la vie continue. le travail reprend tout son esprit. finir les fins de mois, trouver des fournisseurs et prouver à tous les autres mais surtout à lui-même qu'il peut le faire. parce que si ça fait des années qu'il a tout repris, il ne se repose pas sur ses lauriers. jamais. il a cette mélancholie des travailleurs. cette fatigue en se levant le matin parce que le monde l'a déjà bien trop usé. sans doute pour ça qu'il revient encore à ce bar, à boire ces verres qu'il finit par repousser par un dégoût précoce presque miraculé. espère-t-il la revoir ? pensée impure qu'il n'a jamais osé formuler à voix haute même dans son propre esprit. c'était pas son style. jusqu'à néanmoins ce fameux matin. courses faites à la va-vite car activité qui ne l'avait jamais transcendé. rayon de la farine qui lui pose un peu problème. il n'y a plus la sienne habituelle. regard qui balaye l'assistance à la recherche d'une quelconque réponse. c'est là qu'il la vit. petite ingénue que ses souvenirs brouillon n'ont pourtant pas ternie. elle est là, figure presque divine tant la possibilité était infime. visage qui n'est pas tourné vers lui. chevelure qu'il reconnaitrait entre mille tant il s'était perdue en elle cette nuit-là. mais ses yeux qui tombent sur sa silhouette qui se déforme où la petite vie s'est logée. petite toute frêle avec ce ventre légèrement gonflé qui ne trompe personne. pas même lui. question qui trouve tout de suite sa réponse. évidemment. monde qui s'écrase entier sur son crâne. bourdonnement à ses oreilles qui ne veut se taire. gosses dont il n'a jamais voulu. que pouvait-il vraiment leurs offrir. nuit qui se ferait en boucle dans son esprit sans que ça ne paraisse pourtant logique. regard qui ne peut se détacher de sa silhouette avant que ses pas ne le fassent reculer. elle ne l'a surement même pas vu. avant de sortir de cet enfer de questions qui ne cessent de l'assaillir à présent. la réponse est évidente mais son esprit refuse de la déchiffrer correctement. sortir de ce maudit magasin avant tout. il en a même oublié sa farine.

en vrac poings qui s'épuisent sur ce sac de sable improvisé au plafond dans son appartement — illusion alcool salvatrice dans ce bar où il s'assoit toujours à la même place — l'image de cette silhouette enfumée toujours dans son esprit — carnet qu'il garde toujours sur lui quand il a un moment de libre pour s'entrainer à la lecture honte qui le poursuit toujours — chien des rues qu'il a recueilli qui le suit partout — confiance mieux accordée aux animaux qu'aux hommes — toujours ce paquet de cigarette dans sa poche de jean — vieux tacot qu'il conduit mais qu'il chérit malgré tout, premier achat à la libération — cicatrice à l'épaule d'une bagarre de gamins qui s'est mal finie — gros fan de la saga retour vers le futur quand il était petit, surement dans l'espoir de remonter le temps pour que jamais papa ne rencontre maman — se fiche pas mal de faire propre sur lui, loin d'être superficiel — allergique aux poils de chat — doué de ses mains au plaisir de son métier et parfois des femmes — sait parfaitement se servir d'une arme — se contente de peu quand il s'agit de nourriture mais est intransigeant sur la viande - déformation professionnelle oblige — boule de gomme toujours dans sa bouche parce que ça occupe un peu l'esprit — a perdu sa foi dans un dieu qui n'est que malheur, miséricorde mon cul — croix autour du cou malgré tout, dernier vestige de ce que fut sa mère — a une passion presque indécente pour les vinyles depuis qu'il a découvert ceux de son père dans un carton — a jeté toutes les affaires du vieux de l'appartement au dessus de la boucherie, a gardé le plus sommaire — montre à son poignet qui jamais ne le quitte — loin d'être pendu à son téléphone qu'il balance souvent négligemment sur la table — jamais d'enfants pour que le cercle ne se répète pas, ça a toujours été ainsi, le destin qui se fout ouvertement de sa gueule.