less people, less bullshit | beau palmer.

Take me home, country roads | Atticus Lucas Leventis, a Texas original.

Fils d’Atticus senior, rancher option mafieux réactionnaire; le fleuron de l’Amérique dirait certain, un homme un vrai, patriarche viril ne répondant qu’à lui-même et au Créateur; option chrétien-quand-ça-larrange. Voyez le tableau. A vomir. Trois fils élevés aux grains pour devenir de belles copies conformes de leur papa, casquette Make America Great Again vissée sur la tête, permis de port d’arme obtenu dès la majorité — pourquoi attendre — et un bel avenir devant eux. A condition de marcher au pas.
Atticus Junior, our Beau, aîné de la fratrie, fils prodige et héritier émérite, dressé pour régner, prendre la suite dans le respect des traditions et toutes ces belles choses qu’on lui a enseigné. Il a découvert l’envers du décor avant même d’avoir ses premiers poils au menton, son père désireux d’en faire un homme au plus vite, et surtout pas un de ces petit pleurnicheur qui tremble devant une goutte de sang. Junior a serré les dents jusqu’à ce que ça ne lui fasse plus grand-chose. Il a vu la violence du quoi qu’il en coûte, la cruauté, le cynisme à son paroxysme incarné avec assurance par la figure paternelle. Et c'était pas franchement beau à voir.

La couronne ne l’a pourtant jamais fait rêver, ni même tout ce fric dans lequel se vautraient ses parents; ambiance voiture de sport clinquante, bijoux tapageurs et faux seins tout aussi outranciers pour Maman. Il s’est quand même laissé berner. Longtemps. Parce qu’il avait confiance et parce qu’il ne connaissait que ce monde-là. Malgré les doutes qui résonnaient dans son crâne, malgré ses tripes qui lui disaient que sa place n'était pas là.

Quand Senior a décidé qu’il était temps que son fils prenne des responsabilités, tout s’est corsé. L’air est devenu irrespirable et Attie a sombré. Mis à l’épreuve constamment et humilié au moindre mot de travers, la colère s’est noyée dans les verres de Bourbon à défaut de pouvoir être exprimée. L’alcool et la poudre devenus des échappatoires; seuls moments de liberté dans une existence hyper contrôlée, sous le joug de l’intrusif paternel. Jamais content. Jamais fier. Jamais rien.

2012, the plot twist he needed… ish.

Avec du recul, Beau dirait que c’était plutôt bien joué, un chef d’oeuvre orchestré par son frère, Stephen, l’une des pires raclures qu’il ait jamais connu — et pourtant, Dieu sait qu’il y avait de la concurrence. Il n'a rien vu venir. Un véritable coup de maître qui pulvérise des existences et ruine des vies. Deux, en l'occurence. Dont la sienne.

Une dispute avec son père, ce n'était pas si fréquent, pas si rare non plus, quoi que ça commençait à devenir une habitude. Beau se rappelle des derniers mots qu'il lui a dit sans savoir que ce serait vraiment les derniers. Il s'étonne d'ailleurs toujours de s'en rappeler, parce qu'il sait aussi qu'il n'était pas totalement sobre à ce moment-là, que c'était une de ces disputes dont il est sorti en se sentant encore plus sale qu'en y entrant mais que d'une certaine façon... ce n'était qu'une dispute parmi tant d'autres, quelques mots plus hauts que l'autre, sans conséquences. Ou presque. C'était souvent comme ça avec son père, de toute façon.

Et puis le drame, Atticus Senior retrouvé mort quelques heures plus tard. Beau se rappelle des mots prononcés par sa mère au téléphone dans un calme olympien « Pars avant qu'ils te retrouvent, » et il se demande si elle était au courant de la machination ou si elle croyait vraiment qu'il était coupable. Ca l'emmerde de ne pas pouvoir lui poser la question. De rester dans le flou.

Si vous trouvez l’air irrespirable avec un père toxique, attendez que votre frère décide de vous foutre son meurtre sur le dos. Du génie, vraiment. Beau n'en parle pas si ce n'est avec lui-même, mais il doit reconnaitre que son ambitieux cadet a eu ce qu'il fallait de génie pour lui permettre de quitter cette vie. Et puisqu'il était hors de question de la finir derrière des barreaux pour un crime qu'il n'avait pas commis...

Atticus Lucas Leventis s'est volatilisé.

Say Hello to Beau Palmer.

miscellaneous. il a rejoint les Alcooliques Anonyme de Billings en arrivant dans l'Etat du Montana et n'a plus bu une seule goutte d'alcool depuis ; il s'est procuré de faux papiers d'identité et ne possède pas de couverture santé ; il n'a pas de carte bancaire et paye toujours tout en cash ; il a trouvé Achilles, son chien, abandonné en forêt ; il a gommé son accent texan ; il a commencé comme voiturier au country club ; il s'est mis à la lecture il y a quelques années, et lit surtout des classiques ; il n'aime pas spécialement la musique country ; il monte très bien à cheval ; il n'a pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil pour fonctionner correctement ; il a vécu dans sa voiture pendant quelques semaines, le temps de pouvoir acheter le trailer et convenir d'un arrangement avec le propriétaire du terrain sur lequel il est installé ; il n'a pas de télévision et écoute principalement la radio pour se tenir au courant de l'actualité ; il n'a pas de smartphone, seulement un grand nombre de téléphones prépayés ; il n'est sur aucun réseau social ; il voudrait vivre au bord d'un lac pour passer ses dimanches après-midi à pêcher ; il ne fume quasiment plus depuis quelques années, s'autorise une clope-béquille lorsque l'envie de picoler lui brûle l'estomac, un bon cigare lorsque l'occasion se présente ; il se nourrit principalement d'oeuf au plat et de sandwich BLT ou pastrami ; il profite des installations du country club en dehors des heures d'ouverture : notamment la piscine et la salle de sport ; il a quelques tocs de proprété et de rangement ainsi qu'un goût prononcé pour la symétrie.

timeline. 1983, naissance à Austin, TX. 2012, mort d'Atticus Senior et fuite vers le Montana. 2017, fondation de The Uncle.