(laz) make it through the day

01. corps parsemé des vestiges de l'enfance, tu t'es souvent érigé en protecteur du reste de la fratrie. mauvaises actions multipliées pour retenir l'attention du père maltraitant, t'as souvent menti ou pris le blâme de conneries dont t'étais pas responsable pour épargner les plus jeunes. t'as pensé à aller plus loin laz, à mettre un terme définitif à leurs souffrances quitte à passer l'reste de ta vie en taule. funambule indécis sur le fil, t'as failli basculer du côté dont on ne revient jamais. mais t'as pas eu les couilles, alors t'as continué de subir sans pouvoir entièrement les secourir. 02. t'aides le vieux ronald, maréchal-ferrant à la retraite pour lequel t'as bossé un long moment, à gérer les aspects d'son quotidien (les papiers, les médocs, les courses, la bouffe, les post-it partout). il te file toujours des billets que tu remets aussitôt sur son compte bancaire sans jamais lui dire, parce que t'estimes que la caravane qu'il met à ta disposition pour pioncer et les conversations avec lui compensent largement les services rendus. ça emmerde la famille, méfiante, qui s'demande si t'es pas qu'un vautour venu lui soutirer l'héritage. 02. maman, figure presque sacralisée. soutien indéfectible, l'amour distribué est suffisant pour combler toutes tes attentes. tu ne lui en as jamais voulu d'être restée passive, de demeurer encore aujourd'hui taisante quand le père enterre l'égo de propos dévalorisants. parce qu'elle est une victime comme vous, plus que vous, incapable de quitter cette maison. alors tu ne manques jamais une occasion de lui offrir ses fleurs préférées le dimanche, appelles presque tous les jours et partages régulièrement des moments privilégiés. 04. de la mère t'as hérité des dons occultes. si elle peut prédire l'avenir, on raconte que tu peux guérir. le toucher comme pansement aux maux les plus enfouis, on t'appelle parfois au chevet avec l'espoir d'une rémission. ta présence a déjà chassé des conditions prétendument incurables, ou des addictions. effet placebo, réelle aptitude, toi-même tu t'plais à céder à la croyance au fil des années. que tu puisses sauver quelqu'un à défaut d'avoir pu protéger davantage ta fratrie, c'est un sentiment aussi gratifiant que frustrant. 05. tu fuis l'émotion destructrice, refuses de l'éprouver peu importe l'intensité. la colère comme arme privilégiée de votre bourreau, chaque invasion d'ton être provoque des crises d'angoisse. et si tu la supportes chez les autres plus que de raison alors que tu devrais t'en défendre, tu crains ce poison chez toi. la peur d'être gangréné par le même poison que le paternel depuis que t'as saccagé une pièce toute entière, t'es convaincu que si tu ne la maîtrises pas la rage te bouffera. technique de l'élastique glissé autour du poignet, tu le fais claquer à chaque vague que tu sens te submerger. 06. tu t'es embrouillé avec dieu y'a un moment, avant d'revenir sur ta position. auparavant raillé, il est devenu un refuge pour pardonner, apaiser la colère intérieure tant redoutée. tu prétends même l'avoir pardonné l u i, l'paternel toxique qui sait encore comment blesser. incapable d'effacer tous les péchés du quotidien, t'es à l'église un bon paquet d'dimanche pour invoquer la bienveillance de ton créateur et supplier le confesseur de soulager la conscience. celui qui tu l'sens parfois, perd patience. t'y peux rien laz, le naturel a une sale tendance à revenir au galop il paraît. 07. t'as failli t'barrer y'a quelques années, cœur ému prêt à renoncer à d'autres sacrifices. l'amoureux suppliant, avide de liberté au-delà du montana, t'as presque fait flancher. t'avais commencé à amasser un p'tit pactole, bercé par un mirage parti en fumée devant tes responsabilités. un appel du benjamin en pleurs alors que la valise était dans le coffre, a suffi à te rappeler à la raison. alors l'amant s'est tiré tout seul, et l'pactole a été dilapidé sur les tapis verts et les tables de jeux. 08. manie de tout organiser, trier, nettoyer. tes vêtements sont rangés par couleur, et chaque objet a une place déterminée que personne ne doit déranger. même en simple visite chez les autres, t'es capable de réparer une poignée d'porte déglinguée, rectifier la position d'un objet ou récurer le lavabo pour éviter d'être envahi par ce malaise que suscite le désordre. un moyen de reprendre le contrôle sur une partie d'ta vie, à défaut de pouvoir structurer le plus important. 09. t'es celui qui ressemble le plus au père, la faute des yeux océan et d'la chevelure châtain. t'aurais préféré plus de charbon dans la rétine et la pigmentation des poils. à défaut, t'as pris l'habitude de teindre la tignasse en blond platine, juste pour venir atténuer les dégâts de la génétique.


he loves : nature, horses, family, freedom, dreaming, sunrise, the sound of laughs, cigarettes, people, hamburgers, the smell of rain, being told i love you
he hates : his anger, the scars, not being able to kill the father, the sensation of sweating, being alone, his eyes