Do you feel the chill clawing at the back of your neck?
Elle était en couple avec un homme que ses parents n’approuvaient pas. Lui était en voie de devenir quelque chose d'important. L’avocat à la carrière florissante et la petite fille de riche qui se rebellait. Scott ne s’était pas attendu à ce qu’ils en finissent par s’apprécier. Puis, ils s’étaient respectés. Et ils avaient fini par s’aimer. Ce n’était pas exactement le plan initial, quand leurs parents leurs avaient un peu forcé la main. Ils voulaient qu’elle devienne femme d’avocat, qui n’aurait pas besoin de travailler un seul jour dans sa vie. La parfaite stepford wife. Un trophée. Scott, lui, il s’en foutait royalement de tout ça. Il avait fini par aimer sa femme pour qui elle était, avec ses qualités, ses défauts, ses ambitions et ses projets peu importe ce qu’ils étaient. Si elle avait envie de passer ses journées dans l'écurie à s'occuper des chevaux, ou d'être femme au foyer à éduquer les enfants, ou si elle avait envie de travailler comme fleuriste dans un petit shop local, Scott s’en balançait – tout ce qu’il voulait au fond à la fin de la journée, c’est qu’elle soit heureuse.

Well, sharpen your teeth and tell yourself that it's just business.
Scott avait toujours baigné dans la bassine juridique, puisque son père et son grand père étaient tous deux des avocats de renom. Il était entré à l'université avec toutes les meilleures intentions, et avec des idées de grandeur. Si au début il voulait changer le monde, après ses études, ses ambitions ont pris le dessus. Il avait choisi les services publics au lieu de cabinets privés, puisque cette avenue lui apportait une plus grande possibilité d'avancement. Le beau Scott, c'était une force brute dans une salle d'audience - il était dur, sérieux et méticuleux, mais surtout, charismatique. Un smooth talker, qui pouvait faire tourner n'importe quel jury en sa faveur. Une main de fer dans un gant de velours. Personne ne voulait l'affronter parce qu'il était intimidant. Il perdait rarement. Il avait un avenir brillant devant lui.

And my soul's a sorry state, so come on down, you empty lovers.
Il avait toujours essayé d'être présent, Scott, pour ses enfants. Essayé, c'était le mot important, parce que ça avait pas été une réussite. Il avait manqué plus d'évènements importants qu'il aurait voulu. Ils n'ont jamais douté de son amour pour eux, cependant. Il leur avait souvent fait comprendre qu'ils étaient ce qu'il avait de plus précieux au monde. Malgré tout, avec les années, leur relation s'était effritée un peu. Ils étaient pas aussi soudés qu'ils l'avaient déjà été. Ça n'aidait pas que les enfants étaient témoins de la relation de leurs parents, qui elle aussi pointait vers le mauvais sens. Même s'ils l'avouaient pas, Scott savait que ses enfants mettaient la faute sur lui. Malgré tout ça, ils entretiennent une relation cordiale, et ils viennent manger avec leur père le plus souvent possible. Même dans un orage, la famille, ça reste la famille.

Tell your friends to sharpen their teeth, here's a few quid to be made.
Au début, les demandes étaient petites; des faveurs, des informations en échange de quelques billets. Avec les années, c'était devenu des demandes de plus en plus importantes. Tourner les yeux, des services pour eux. Ça payait bien, et c'était sans réelle conséquence pour lui, alors, Scott s'y était plié. L'appat du gain était plus grand que la morale. Rapidement, Scott est devenu l'un des avocats les plus pourris du conté - c'est facile d'acheter les gens quand on sait combien ils valent. Il a tourné l'oeil souvent, et il ne prend pas toujours les meilleures décisions. Sauf lorsqu'il vient le temps de sauver des vies - là, il ne fait pas de conneries. C'est une merde, oui, mais jamais il ne jouerait avec la vies des innocents qu'il représente. C'est simplement que l'appel de l'argent, de la reconnaissance, est plus grand. Sauf que Scott, c'est aussi l'un des meilleurs avocats du conté, et ils le savent, et sa réputation parle d'elle même.

I start to spill... did you really think that you could fix me?
Vide. C'était comme ça qu'il s'était senti quand il s'était fait servir les papiers du divorce. Parce que même si la relation de Scott et sa femme avait été une véritable tragédie, il n'en était pas moins qu'elle était la femme de sa vie. Mais Scott avait changé, et l'homme qu'elle avait marié n'était plus là. Leurs engueullades se multipliaient. Elle le suspectait d’aller voir ailleurs, il n’a jamais démenti. Par chance, leurs enfants étaient déjà des adultes, alors y'avait que la maison et les finances à arranger. Il lui avait donné tout ce qu'elle voulait. Leur divorce avait été plus facile que leur mariage. Et ils étaient restés dans la vie de l'autre, même si c'était que de loin. Des amis, à défaut d'un meilleur terme. Ils s'aimaient encore, et ils s'aimeraient toujours (même si Scott pensait que ce n'était pas réciproque) alors c'était impossible pour eux d'imaginer leur vie sans l'autre dedans.

Don't say I'm better off dead 'cause heaven's full and hell won't have me.
Il aurait pas du faire appel à eux, il le sait Scott, mais il était dans une situation bien trop compliquée pour lui. Elle était là, dans le lit de l'hotel, de la mousse blanche qui lui sortait de la bouche, sans vie, et il ne savait pas quoi faire. Quelques minutes avant, elle convulsait. Ses oreilles bourdonnaient, à Scott. C'était pas sa faute si elle était morte d'une overdose; lui, il l'avait que baisée. Mais il était dans un état d'ébriété avancé, et avait encore de la poudre au coin du nez, alors, personne allait croire qu'il avait rien à y voir. C'était rare pour Scott d'être dans une position comme celle là. Non pas dans une situation ou il était avec une escorte de luxe, mais bien dans une situation ou il n'avait pas le contrôle. Impossible pour lui d'appeler la police, ça se saurait. Il n'y avait aucune façon de tourner cette histoire si ça s'apprenais. Alors il avait appelé ses contacts, se retrouvant avec aucun autre choix que celui là. Ils s'en était occupés, sans poser de questions. Ils avaient fabriqué une histoire, et c'était comme si Scott avait jamais mis les pieds dans cet hotel ce soir là. Sauf que tout ça, c'était une dette qu'il savait, Scott, qu'il aurait sur la tête jusqu'à ce qu'ils décident de lui en demander le paiement, et il savait que le service qu'ils lui demanderaient en retour serait gros, et risqué. Le retour du balancier allait faire mal.

Worms come out of the woodwork and the snakes start to sing...
Dernièrement, Scott cherchait à redevenir un homme meilleur que celui qu'il était devenu. Il voulait reconstruire les ponts qu'il avait abimé avec ses enfants, et se remettre un peu dans le droit chemin. Peut-être que c'était l'approche de la cinquantaine qui lui faisait ça, et aussi cette histoire récente qui avait tournée sa vie à l'envers. Est-ce que c'était encore possible pour lui, de se repentir? De reprendre le dessus sur sa vie? Surement pas. Mais il allait essayer. Et pourtant, malgré cette envie de changer sa vie privée, ses désirs de grandeur et d'avancement au travail, ils avaient pas changé...